Alain Amrah Horutanga

Révision constitutionnelle : en route vers une démocratie à l’africaine (acte1)

 

Les pays africains ne se ressemblent pas et il n’y a rien de nouveau sous notre soleil… depuis les indépendances. Des présidents fondateurs aux présidents héritiers, l’Afrique reste égale à elle-même. Et le Burundi veut jouer dans la cour des grands.Constitution-p

« …Devant le peuple burundais, seul détenteur de la souveraineté nationale, moi, (énoncer le nom), président de la République du Burundi, je jure fidélité à la Charte de l’unité nationale, à la Constitution de la République du Burundi et à la loi et m’engage à consacrer toutes mes forces à la défense des intérêts supérieurs de la nation, à assurer l’unité nationale et la cohésion du peuple burundais, la paix et la justice sociales. Je m’engage à combattre toute idéologie et pratique de génocide et d’exclusion, à promouvoir et à défendre les droits et libertés individuels et collectifs de la personne et du citoyen, et à sauvegarder l’intégrité et l’indépendance de la République du Burundi. » art. 106 de la LOI N°1/010 DU 18 MARS 2005 PORTANT PROMULGATION DE LA CONSTITUTION DE LA RÉPUBLIQUE DU BURUNDI.

Faudrait-il goûter aux délices du pouvoir pour ne plus se souvenir de son serment et même de son combat ? Nous sommes habitués à l’hypocrisie politique qui veut que les textes soient faits pour tous, mais en réalité ils ne sont faits que pour nous petit peuple sans voie de recours, non pas pour en jouir, mais le contraire, pour subir ses effets. Rien ne peut empêcher un dirigeant africain à poursuivre son ultime objectif : l’éternité de son pouvoir.

Vers d’autres mandats ?

S’il est encore vrai que l’exception côtoie le général pour confirmer la règle, moi je préfère être dans l’exception. Dans cette dernière catégorie, très fermée, au moins on vous prend en exemple. On vous invente toutes sortes de qualificatifs pour vous rapprocher de l’idéal. Malheureusement nous tombons du mauvais côté de la règle, le général. Et pourtant notre système de cohabitation peut toujours faire des jaloux de l’autre côté de la Kanyaru. Quelle nation n’a-t-elle pas loué les montagnes des questions rasées à Arusha afin de venir à bout de cette rivalité des nez ?

Il arrive parfois que je me plaigne de l’absence du Burundi sur les médias internationaux, mais maintenant deux jours c’est trop sans que la RFI ne parle du Burundi, la BBC est devenue un média local. Il n’y a pas longtemps que les médias internationaux parlaient moins de nous parce qu’on était à la marge de la mode pendant que certains s’isolaient pour arrêter des stratégies afin d’exister et surtout d’être à la Une. On avait perdu le goût des chiffres, on n’offrait ni du sensationnel, ni des morts, ni des cannibales, il n’y avait pas de villages incendiés, des femmes violées et surtout aucune autorité étatique poursuivie par CPI (Cour pénale internationale). Il n’y avait pas coup d’État où un opportuniste capitaine se dresse en chef devant ses généraux et toutes les institutions en étant à la fois celui qui fait la loi et la loi, celui qui décide de la vie ou de la mort d’un citoyen. Mais depuis un certain temps, on commence à jouer sur le même terrain qu’eux. Je ne veux pas que mon président fasse demain la chronique de Mamane. Je ne veux pas ressembler au Cameroun, je ne veux pas être la Libye, je ne veux pas être le Congo, la Gambie. Je ne veux pas non plus être le Rwanda. Non je veux ressembler au Sénégal, au Ghana, à la Namibie…oui pour la révision constitutionnelle, mais en faveur de qui ?


Ma naissance

Ce jour-là n’était pas un jour comme les autres. Quelque chose d’inhabituel allait se produire. Des pleurs et des sourires s’étaient produits sur la même scène sans que ceux-là ne blessent personne. C’était le clou du spectacle. Un jour de début d’une histoire, de mon histoire. Un jour où la terre et le ciel avaient laissé de côté leur rivalité. Ils coalisaient, harmonisaient leurs efforts pour la réussite du produit qu’ils devaient fabriquer. Ils donnaient ainsi naissance à un spermatozoïde sans histoire dans une famille aussi sans histoire. Quand les uns sollicitaient la grâce du ciel, les autres invoquaient les noms des ancêtres. Leurs expériences étaient basées sur des faits vécus. Ils avaient tout un tas d’interdits du genre : ne pas croiser les doigts, ne pas invoquer le nom d’un ancêtre qui était peu sociable… mais il fallait faire avec. J’étais devant un très grand portail lequel j’attendais qu’il s’ouvre, soit de soi-même, soit que quelqu’un d’autre le fasse… mais pas moi. En effet, je ne savais pas ce qui se trouvait de l’autre côté du portail. Je craignais. J’avais la peur de l’inconnu. J’avais déjà attendu très longtemps que quelqu’un vienne l’ouvrir pour moi. Neuf mois exactement que j’attendais. Je ne pouvais plus tenir. Mon monde se rétrécissait. Alors il fallait frapper fort pour que quelqu’un de l’autre côté, s’il y en avait, entende mon cri de détresse, mon appel au secours.

Mon monde était semblable à celui d’un poisson. Tout autour de moi de l’eau d’où je tirais mon oxygène. J’avais passé plusieurs jours nez face au portail et ce dernier avait fini par lâcher. Mais pas facilement. Mon obsession à se faire entendre par quelqu’un de l’autre côté prenait des proportions démesurées. Et comme la nature n’aime pas qu’on la force, j’avais, par cette obsession, créé toute une série d’événements monstrueux. Certains beaucoup plus violents et qui sont allés jusqu’à déstabiliser toute une organisation, toute une nature, tout simplement ce monde dans lequel je baignais. Quand j’avais compris que personne ne passerait par là et que ce portail était ma seule sortie, j’avais cogné fort, tellement fort au point que le magma terrestre avait subi des secousses et il s’était mis à gronder. Le portail s’ouvrit tout seul et il se renferma aussitôt. Mon bassin perdait ces eaux, mais il y en avait encore pour me garder en vie quelques heures. Ces eaux d’où je tirais mon oxygène allaient me manquer. De l’autre côté, l’homme en vert que j’avais vu vivait à l’air libre. J’ai pensé que les gens de l’autre côté avaient profité de la brève ouverture pour créer un passage afin de voler mon eau. La lumière était trop éblouissante dans ce monde-là. La fermeture de ce portail était mon premier baptême, le tout premier avertissement de la Faucheuse « il fallait sortir ta tête que je t’étrangle » me soufflait-elle. C’est elle qui était passée de l’autre côté lors de la brève ouverture. Elle riait me disant en passant « bientôt ton bassin va se vider et si tu y restes, tu mourras d’étouffement. Ton espace se rétrécira. Apprends, de l’autre côté, à tirer l’oxygène de l’air ». Et là j’ai pris conscience du danger qui me guettait.

J’avais décidé de sortir le plus rapidement possible avant que les eaux ne se vident de mon bassin. Vivre de l’oxygène tiré de l’air, c’est seulement dans l’autre monde que c’est possible.

Au lieu de me laisser franchir tranquillement le portail, la faucheuse me déclara la guerre… à jamais. J’implorais toutes les forces divines connues et inconnues, tous les Saints terrestres et célestes pour qu’ils me viennent en aide, car elle s’était plantée devant le portail. Elle soufflait un vent fort à contre sens pour que le portail ne s’ouvre pas m’empêchant ainsi de le franchir. Elle voulait que je m’étouffe dans mon monde qui perdait ses eaux. Quelque temps après, la perte des eaux avait fini par m’affecter. Je me débattais comme un poisson attrapé à un hameçon aussitôt tiré de son élément vital, l’eau. Ne maîtrisant pas parfaitement mon propre milieu c’est là que j’avais foutu le bordel. J’avais frappé sur toutes les façades et cogné encore plus fort qu’au début ce grand portail pour que les gens  entendent mon cri d’impuissance et de désespoir.

Et à la faucheuse de me dire : « Je reviendrai un jour et comme toujours je sortirai vainqueur bien que tu l’aies échappé belle. Insistant sur « dans ce monde-ci je sors toujours vainqueur. En naissant, on est déjà vieux pour mourir. »

Le portail s’ouvrit après ces paroles, mais il a fallu un coup de « pousse ». J’entendais quelqu’un dire « pousse, pousse … je vois la tête ». Je sortais mon nez en premier pour respirer mon premier bol d’oxygène dans l’air et là j’ai été recueilli dans deux grosses mains ; moi pleurant.

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Aujourd’hui, j’ai écrit à la Faucheuse en ces termes

« Je suis sûr que tu m’auras un jour, mais pas aujourd’hui! Je fais attention à moi et je sais que tu profites souvent des faux pas. Je fais attention de ne pas en commettre… tu gagneras sûrement, mais il faudrait que j’aie des cheveux blancs, que je perde mes forces, que je n’aie plus mes jambes pour courir au cas où tu prendrais le dessus sur moi, que je perde aussi mes dents pour ne pas avoir à recourir à ma dernière stratégie : ne pas te mordre. »

Joyeux anniversaire à moi-même !


Pourquoi les crapauds sautent-ils ?

Il y a longtemps, très longtemps que les crapauds marchaient en se servant de leurs pattes. C’était l’époque où les hommes avaient le même niveau d’intelligence que les animaux. Ils chiaient partout et ne couvraient pas leurs excréments. Ils ne pouvaient construire des latrines. A cette époque Dieu n’avait pas encore révélé aux hommes ce qui deviendra l’une des plus grandes inventions : les latrines. Le sol était pauvre parce que les géants comme les dinosaures et les ascendants de Goliath avaient appauvri la terre quand ils existaient encore. Ils l’avaient longtemps exploitée. Alors il fallait du fumier pour l’enrichir. Les hommes déposaient un peu partout les restes de nourriture que le corps rejetait, comme le font les poules et les autres animaux actuellement. Tous les animaux sur terre devraient marcher et c’était un devoir. Les oiseaux volaient dans les cieux, mais quand ils venaient sur terre pour chercher à manger ils marchaient. C’était aussi valable pour tous ceux qui vivaient dans les fleuves, les rivières et les océans. Sur terre on devrait marcher. Certains oiseaux même prirent goût à la marche et ils finirent par rester sur terre comme les autruches, les poules… et depuis ils ne volent plus. Ils ne voulaient surement plus entendre les autres se moquer d’eux « tu auras beau voler, mais un jour, vivant ou mort, tu retourneras à la terre. » C’est la terre qui fournissait à tous, la nourriture. Les crapauds, par devoir et par respect à la terre nourricière, marchaient aussi.

Un jour Dieu convoqua une réunion où le premier de chaque espèce vivante était convié. Lors de cette réunion, Dieu décréta une nouvelle règle « multipliez-vous ».

Des années passèrent, des siècles aussi toutes les espèces réussirent à accroître leur progéniture sauf les crapauds. Leur nombre était resté stable. Le premier des crapauds trop vieux, dévoré par le temps était dans son lit de mort, à l’agonie. Mais il avait encore quelques forces pour mimer et gesticuler. Les êtres, œuvre créée par Dieu, vivaient longtemps au-delà de cinq siècles. Dieu passait évaluer son œuvre tous les cinq cents ans. Il fallait trouver la cause qui rendait impossible la croissance de l’espèce crapaud. Le Soleil qui était l’une des plus anciennes des créations jouait le rôle de consultant à tous les maux. Dans une lettre adressée à l’espèce crapaud, le soleil faisait mention des nouvelles maladies et qui apparaissaient fréquemment depuis la grosse vague multiplicative des êtres.

«  Chers crapauds, au nom de Dieu et de la Terre qu’il nous a léguée, je vous salue… suite à votre préoccupation, j’ai constaté que depuis le dernier décret les eaux dans lesquelles vous pondez sont infectées par les microbes. Cette infection vient de vous. Vous les infectez et vous les polluez. Vous y entrez avec une multitude des microbes essentiellement des excréments que vous rencontrez. Ces microbes se multiplient à une très grande vitesse au point que je me demande si Dieu ne pourra revenir sur son décret lors de l’évaluation de l’ensemble de son œuvre. Maintenant, sur chaque bout de centimètre carré on trouve du ca au carré (ca+ca=caca). Et c’est dû à la liberté de chier un peu partout… »

Mais il était interdit de chier dans les eaux. L’eau c’est la vie, mais c’est aussi un grand vecteur des maladies. Suite à la correspondance, le premier des crapauds réunira sa famille élargie, il y avait même sa grande cousine la grenouille et à l’unanimité ils prirent la décision de sauter pour éviter le plus de ca au carré. Et depuis les crapauds et les grenouilles sautèrent, ils sautèrent et jusqu’à oublier qu’ils marchaient avant.


Bujumbura: des accidentés voués à la mort

Un accident  un camion militaire, un vélo, une moto et une voiture-taxi
Un accident impliquant un camion militaire, un vélo, une moto et une voiture-taxi. il y avait deux personnes gravement blessées.
Le cycliste à l'agonie
Le cycliste à l’agonie

Si tout chemin mène à Rome ne pourrions-nous pas dire que tout accident de roulage, au Burundi, mène nécessairement à la mort?

Le camion militaire et le taxi  (voiture)
Le camion militaire et le taxi (voiture)

 

Les accidents de roulage au Burundi sont fréquents comme partout ailleurs mais le comble et  l’inadmissible dans notre pays ce sont ces personnes qui arrivent dans les hôpitaux directement dans les morgues. Sans compter les nombreux cas où les médecins des hôpitaux publics voient certains des accidentés mourir dans leurs mains par négligence ou intervention tardive, il y a aussi ceux qui meurent par manque de secours de la part des populations environnantes.

Est-ce un manque de compassion ? Une perte des valeurs d’entraide et de secours ?

Le premier acte, en cas d’accident au Burundi, est de se faire vider les poches. Un portable, quelques sommes d’argents voire même la disparition des papiers attestant l’identité qui sont là les butins des premiers arrivants au lieu de l’accident. Voilà les  premiers secours. Ensuite vient un attroupement qui n’aura pour rôle que constater les dégâts, établir les responsabilités, évaluer les dégâts oubliant que les accidentés saignant et baignant dans leur sang ont besoin d’un médecin. Quelle image de solidarité ? Le pire serait aussi d’aller dans un hôpital public parce que là la mort est assurée.

Des personnes indifférentes observent et passent
Des personnes indifférentes observent et passent

 

Ces images ont été prises en cachette après un accident de roulage. C’est un  accident impliquant un camion militaire qui a percuté une voiture-taxi, une mototaxi et un vélo-taxi.


Que faire d’autres avec un préservatif?

[highlight][/highlight]deux préservatifs à la place des habituels élastiques en caoutchouc

Je ne suis pas à bout de mes surprises en ce qui concerne les fonctionnalités du préservatif (la capote). Je savais qu’un préservatif pouvait servir de récipient dans lequel on pourrait remplir plus de 50 litres d’eau. Je savais encore qu’il pouvait  faire un ballon d’air ou servir en la fabrication d’un ballon de football. Mais, jamais je n’avais vu ce sachet plastique, servir dans la fabrication d’une lance pierre. Réalisation made in Burundi. Voici quelques photos prises à l’aide d’un téléphone.

 

un oiseau abattu avec cette arme à préservatif
un oiseau abattu avec cette arme à préservatif

 

Ce sont les petits qui ont eu l'idée de se servir des préservatifs
Ce sont les petits qui ont eu l’idée de se servir des préservatifs

Lance-pierre

Lance-pierre


Les hommes seulement… quelle discrimination?

bwiza 4ème
Bwiza 4ème avenue

Cette photo illustre la méconnaissance de certains principes fondamentaux en matière commerciale des commerçants burundais ! Il ne s’agit pas d’un trucage d’ailleurs, c’est clair. Si je pense à toutes les fois que je suis passé sur cette avenue sans avoir lu l’intégralité de cette pancarte mais… je me demande comment cela est arrivé?

Jamais, je n’avais fait attention à cette consigne restrictive ou plutôt limitative des droits de la femme. Quelle discrimination ? Mais entre-temps, cette phrase en dessous semblait émouvoir un ami, et dire que c’est lui qui m’a invité à ouvrir grandement mes yeux qui ne servent presque plus à rien. Pour lui c’est impossible que cela tienne parce que, il y a à côté, une des boîtes les plus branchées de la capitale, Escotisse.

Imaginons une femme à la quatrième avenue de Bwiza, il pleut abondamment, dans un Burundi où la méfiance devient la règle, où l’on craint, dit-on, soit ces peintres qui ont pour matières premières «  les excréments humains » ou soit encore ceux qui usent  « du sang » pour décorer les permanences de partis politiques, à 23 h30, ces heures où l’on dit que des Imbonerakure montent la garde parce que les policiers sont débordés et cela depuis l’incendie du marché central et que le seul endroit où elle pourra reposer sa tête c’est exactement l’hôtel RUCUNDA plus proche pour elle, mais elle trouve «  seulement les hommes ». Il n’y a pas de taxis, parce c’est un mercredi sans lundi méchant ou encore de mardi repos.