Alain Amrah Horutanga

Mon univers cité 3

la bibliothèthe Khadafi
la bibliothèthe Khadafi

Sans doute que les derniers événements qui sesont produit au campus Mutanga de l’université du Burundi, Grenier du savoir ont suscité des interrogations et continuent encore à faire l’actualité. La force employée par la police pour disperser les étudiants qui avaient pris d’assaut les bureaux du rectorat fait couler beaucoup de salives dans le milieu universitaire. Je n’exagère pas et je n’ai pas peur de mots en qualifiant cet acte de prise d’assaut. Je n’étais pas sur place pour m’enquérir, de près, de la situation qui prévalait. Je me suis contenté des journaux de presse, la radio, la presse en ligne… mais aussi de la «transmission », un terme poilissime qui veut tout simplement dire « de bouche à oreille ». Comme tous les étudiants, j’avais aussi participé à ce mouvement d’arrêt des cours. La cause est la même: retard de la bourse. Mais cela ne m’a pas empêché de recueillir des témoignages par ci et par là.

En parlant des témoignages, comme une grosse sauce qui se déversait sur ma chemise, un ami, étudiant venant du Congo(RDC) et de passage à Bujumbura dans le cadre de ses recherches, m’interpelle : « vous vous comportez mal ». Il s’agissait bien de moi et de tous ces autres étudiants manifestants mis dans le même sac. Comme si j’étais là présent, devant les bureaux du rectorat. Lui qui était venu dans le cadre de ses recherches, rencontre des étudiants qui lui refusent l’accès au rectorat. Ce qui m’a valu ce coup de gueule. Ce qui l’avait gêné, c’était surtout la manière avec laquelle ces étudiants l’avaient traité. La courtoisie n’est pas de ce pays! Je vous épargne les détails. Pour justifier ce comportement, j’ai essayé de faire de mon mieux mais le comportement de ces potentiels futurs cadres était injustifiable.

Cet arrêt des cours avait été observé par tous les étudiants sauf ceux des premières années. Ces arrêts de cours sont fréquents depuis maintenant deux ans ou même plus. Ces arrêts brusques ont fait place à des grèves qui demandaient de longues procédures comme les préavis. Cette nouvelle méthode consiste, pour les étudiants externes, à bloquer toutes les entrées du réfectoire aux étudiants internes et comme ça personne ne mange. C’est pratique et juste.

En allant bloquer les entrées réfectoire, les externes mettent la pression sur les autorités chargées de la question de  la bourse. Le plus souvent ces arrêts et blocages portent leurs fruits. C’est une question d’égalité des conditions qui motive en quelques sortes les externes. Ce qui est, par ailleurs, très bien compris par les internes qui ne s’opposent pas à la démarche. C’est la « solidarité des poillissimes ». Mourir ensemble de faim aussi en fait parti. Il est quand même inconcevable que certains étudiants viennent ventres affamés et rivalisent avec ceux qui ont mangé pour la simple raison que leurs bourses ne sont pas octroyaient dans les délais.

Mais ce qui s’est passé dernièrement est inadmissible. Quoique l’on dise je suis en total désaccord avec le comportement de ces étudiants. Depuis que je suis à cette université, c’est pour la toute première que cette méthode de revendication aussi spectaculaire soit employée. Jamais je n’ai vu des étudiants aller empêcher les travailleurs du rectorat de remplir leurs obligations c’est-à-dire travailler. La question est tellement complexe de telle sorte qu’il est difficile que je comprenne cette démanche vu que tous les étudiants, exceptés les premières années et ceux qui sont en session, avaient arrêtés les cours et que seuls ceux des deuxièmes années de baccalauréat manifestaient au rectorat en l’empêchant de fonctionner. Si j’écris cet article c’est pour réagir par rapport à certains comportements que nous manifestons à l’égard des étrangers. Si je réalise que cette université reçoit des étudiants, des chercheurs, des professeurs étrangers, j’ai honte. Quelle image du pays, quelle image de l’élite, quelle image du futur cadre auront ces étrangers?


CHAN: Intamba, c’est fait

C’est fait! Il aurait fallut attendre les éliminatoires pour le compte de la troisième édition du CHAN afin de voir les intamba se qualifier pour un des grands rendez-vous du ballon rond sur le continent. «Welcome to South Africa » c’est ce que semblait chuchoter, aux oreilles des hirondelles, la séance des tirs au but lors du match retour face aux crocodiles du Nil soudanais.

Le match retour face au soudan était voué à l’échec, si l’on s’en tient aux statistiques des intamba qui ont du mal à trouver le chemin des filets. Un manque de réussite auquel les supporters s’étaient habitués. Mais aussi la piètre prestation du match allé à Bujumbura où l’équipe soudanaise avait réussi à accrocher l’équipe burundaise sur son propre terrain du stade  Prince Louis sur le score nul d’un but partout, ne laissait envisager aucune qualification et pourtant ils l’ont fait. Habitué à toujours quitter à la porte des phases finales, cette fois la règle à fait place à l’exception car le Burundi à eu son visa pour l’Afrique du Sud.

Décidément cette année aura été bonne sur le plan footballistique bien que beaucoup reste à faire en ce qui concerne l’encadrement des joueurs mais aussi le coté infrastructures. Après les exploits de Lydia Ludic dans la deuxième compétition majeure inter club du continent (coupe de la confédération), c’est maintenant au tour des intamba de gouter à une phase finale de la deuxième grande compétition africaine des équipes nationales des joueurs évoluant dans leurs championnats respectifs. Coup de chapeau à ces gars qui s’entrainent dans des conditions extrêmes. Sans eau à boire comme s’il n’existait pas de fédération.

Dans un pays où il n’y a pas de joueurs de l’envergure de Drogba encore d’Eto’o, le CHAN est une vitrine et un stimulant pour les talents en ce sens que la plupart de ceux qui jouent dans leurs championnats respectifs sont encore jeunes pour évoluer dans les grands championnats européens. Une belle initiative de la part de Issa Hayatou, président de la CAF (confédération africaine de football). Exceptionnellement, toutes les régions géographiques du continent y seront représentées. Le mode éliminatoire a été organisé de telle sorte que les éliminations se jouaient entre les équipes de la même région ce qui .fait que certaines nations comme le Burundi, la Mauritanie soient présentes pour leurs toutes premières fois.

Qu’est-ce que le CHAN

Le CHAN est une compétition africaine des nations de football qui se joue une fois les deux ans à la manière de la CAN, sa grande sœur. Cette compétition a pour particularité de réunir des joueurs évoluant dans le championnat de leur pays. La première édition a vu la RDC être sacrée Championne en Cote d’Ivoire en 2009. La deuxième édition fut remportée par la Tunisie en 2011. Compétition qui s’était déroulé au Soudan.


Pays pauvre, grande fête

Comme on le sait déjà, le Burundi est un pays pauvre et le gouvernement ne cesse de le nous le répéter  à chaque fois qu’une occasion se présente. En ce jour de la célébration de la fête de l’indépendance du Burundi, une question mérite d’être posée : avons-nous les moyens de fêter tous les ans cette date avec faste?

Je trouve indécent et malheureux que tous les 1er juillet des sommes (qui peuvent servir utilement) soient dépensés dans une fête. Ces dépenses proviennent essentiellement des boissons  après défilé et dans les préparatifs avant défilé (carburants, décorations, les diners pour les invités, etc.). Dans un pays aussi pauvre que le nôtre, je trouve cela absurde. En France, lors de la toute récente campagne électorale, la candidate Eva Joly avait proposée de supprimer le défilé militaire du 14 juillet. L’argument était économique. La crise est passée par là et elle persiste. Mais contrairement à nous la crise est toujours permanente et elle semble être notre prochain qui nous accompagne depuis des lustres. Je ne prendrai pour exemples les crises superficielles du genre économiques, politiques… Elles sont minimes quand on meurt encore de faim. On parle actuellement d’une grave crise alimentaire dans le pays. Selon le PAM (Programme Alimentaire Mondial), le taux de la malnutrition chronique est actuellement à 58% au Burundi. No comment!

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On se souviendra du président Mahamadou Issoufou du Niger qui renonça à la fête cinquantenaire de l’indépendance pendant que les autres nations rivalisaient par le nombre d’invités. Eux ont préférés méditer sur l’essence même de l’indépendance. Mais il y avait aussi la famine qui menaçait la population. A côté de nous, en RDC le gouvernement a décidé de se passer des défilés militaires mais pour une autre raison : pas de fête quand il y a une partie de la population qui souffre de ces interminables guerres de l’Est.

Pourquoi ne pas organiser ce défilé  militaire du 1er juillet une fois les cinq ans? (si l’on considère qu’il ravive l’esprit patriotique) Combien d’écoles seront érigées, combien de centres de santés (qui peuvent porter le nom de nos grands hommes ou encore dans chaque commune ou province une école du 1er juillet) avec ces sommes ? Entre temps une messe, le traditionnel dépôt de gerbe de fleurs au mausolée du prince et à la place de l’indépendance tous les ans pour minimiser les dépenses en attendant la cinquième année pour le défilé.


Lydia NSEKERA, de la FFB à la FIFA : la bénédiction d’HAYATOU

La FIFA (Fédération Internationale du Football Association) qui a tenu sa 63ème assemblée générale aux iles Maurice a vu inscrire une première dans ses annales. Si sur terrain, le Burundi n’est pas reconnu comme un pays avec une histoire, même petite en football, il s’est quand même fait une place non négligeable au sein de FIFA par l’intermédiaire de la présidente de la FFB (fédération de football du Burundi). Cette instance faitière du football internationale a vu pour la première fois trois femmes faire parti de son comité exécutif qui était alors composé des hommes. Cooptée pour la première fois lors de la 62ème assemblée générale à Budapest pour un mandat d’un devenant ainsi la première femme au sein de ce comité exécutif, Lydia NSEKERA a été élue cette fois pour un mandat de quatre ans avec deux autres femmes coopté pour un mandat d’un an chacune, un événement pour certains mais pas une surprise pour les avertis. Mais y aurait-elle eu une autre option? Ce n’était pas évident.

photo nairaland.com
photo nairaland.com

 

Cette élection a des airs d’une entente réfléchie et orchestrée de main de maitre par le lion indomptable du Cameroun, ISSA HAYATOU, président de la Confédération Africaine de Football (CAF) mais aussi un des vice-présidents de la FIFA. Pour ceux qui suivent quotidiennement l’actualité du ballon rond, cette élection n’est surtout pas une surprise. C’est un événement du fait que la FIFA ait compris que le monde tend à la parité homme-femme, après 109 ans d’existence.

Il y a une  année déjà que j’avais dédié un article à la « dame football du Burundi » après sa cooptation dans le magazine CoeurAfrique. Si cette élection n’est pas une surprise, c’est parce qu’à un certain moment il y a eu des signes annonciateurs, des signes avant-coureurs provenant du  président de FIFA, Sepp BLATER, manifestant son désir de voir les femmes faire leur entrée au sein du comité exécutif de la FIFA dans ce qui semble être une reforme. Le monde bouge et change, la FIFA aussi. La question reviendrait à savoir pourquoi elle? Qu’a-t-elle fait de si palpable dans son domaine? Ou même durant ses huit ans mandats à la tête de Fédé Burundaise? Et pourtant elle a eu le soutien de toutes les autres fédérations de football d’Afrique, du moins dans leur grande majorité, tout comme cela l’a été pour HAYATOU. C’est dans ces questions que résident la réponse qui permettra de comprendre que cette élection n’est peut-être pas un fait de hasard moins encore une récompense méritoire mais plutôt une gratification de «  nombreux et loyaux » services rendus au tout-puissant indomptable HAYATOU. Elle avait soutenu la modification des textes régissant la CAF en matière électorale écartant sur le coup l’éléphant Jacques ANOUMA de la FIF (Fédération Ivoirienne de Football) qui était son possible adversaire. Le lion HAYATOU n’avait non seulement pas été soutenu par l’hirondelle Lydia NSEKERA mais aussi par l’ensemble des présidents de fédérations africaines de football à quelques exceptions près. Modifier les statuts, les mettre à sa taille juste avant une élection ce n’est pas démocratique. C’est le sentiment qu’avaient eu les soutiens d’ANOUMA. Ce dernier avait saisi la TAS mais il avait été débouté. Pour son septième mandat à la tête de la CAF le lion s’est retrouve seul candidat à sa propre succession en tripatouillant les textes à la manière de nos dirigeants politiques. 44 fédé avaient voté le texte pour 1 abstention et 6 contre.  « Qui se ressemblent s’assemblent ou encore qui s’assemblent se ressemblent » s’applique dans un sens comme dans l’autre. Ce sont des oiseaux de même plumage. Lydia était la candidate présentée par la CAF.  A son retour au pays, elle avait reconnu que quand on a le soutien de l’ensemble des fédérations africaines il devient  facile de remporter une élection. A faire à suivre


Loi sur la presse: tous nous mentent…

Liberticide, rétrograde, anti-démocratique sont les mots les plus repris, les plus utilisés par les médias Burundais (indépendants) durant le mois d’avril. Si les burundais étaient des grands utilisateurs de twitter, ces mots auraient été les mots les plus twittés. Mais ces gazouillements continuent encore puisque la « guerre » n’est pas finie. Juste deux batailles remportées par le législateur burundais. Tout ce boucan, pour une loi votée par les deux chambres du parlement burundais (le sénat et l’assemblée nationale).

Il est rare, pour moi, d’apporter un commentaire sur un sujet d’actualité surtout quand la politique s’y mêle. La politique, sport national au Burundi est un domaine dont le terrain m’est encore glissant. On te traitera d’anti ou de pro pouvoir selon les humeurs des uns et des autres. Mais pour cette fois, j’ai décidé de donner mon point de vue sur cette loi tant décriée par les professionnels des médias. Un point de vue proche du juridique ça ne tuera personne.

Une pétition a été lancée par les professionnels des médias en collaboration avec certaines organisations de la société civile. Mais ce qui m’indigne ce sont les interventions des uns comme des autres, c’est-à-dire des pros comme des antis loi qui sont dénuées de toute objectivité (dans leurs analyses). Rien ne me surprend quand je sais que les journalistes adorent l’hyperbole et que l’art du mensonge est bien manié par les « politi-chiens » comme le dirait le sage de la rue.

Il est vrai que chacun cherche à tout pris à mettre de son coté une large partie de la population. Dans cette logique, je suis de ceux là qui sont facilement tombé dans un premier temps du coté des antis sans à avoir eu à lire ce qui était encore un projet de loi sur la table du sénat (dernière étape avant la promulgation par le président de la république). J’ai lu et entendu différentes interventions, comme presque tout le monde, sans s’intéresser de près aux dispositions de ce projet de loi. Une amende allant jusqu’à 8 millions, la révélation des sources des journalistes, un niveau d’études requis (la plupart des députés n’ont pas ce niveau et gère « bien » le pays) pour l’exercice de ce métier… A entendre tous les jours ce discours, je me suis dit que la loi est une grave violation à la liberté d’expression et de presse.

La pétition pas du tout réaliste

La pétition, elle-même est loin d’être réaliste « … une loi est ordinairement dictée par le souci de mieux faire en essayant d’améliorer les dispositions lacunaires ou distancées par les réalités de l’heure. Nous constatons que le projet de loi déjà adopté par les deux chambres, est rétrograde dans la mesure où il porte atteinte à un pilier universel de la liberté de la presse qui est celui de la protection des sources. Le projet introduit des clauses à la limite de l’absurde notamment les diplômes exigés pour l’exercice du métier des journalistes. La lourdeur des amendes proposées dans le projet est également une source d’inquiétudes majeures dans la mesure où cela a été utilisé sous d’autres cieux pour museler la presse… »

Si on s’en tient à ces quelques lignes de la pétition en ligne initié par Pacifique NININAHAZWE, je peux me permettre de faire un commentaire. On comprend par là que les deux parties ne s’entendent pas sur trois points. Peut-on alors se permettre de parler de rétrogression en ce qui concerne ce projet de loi?

De mon point de vue, c’est-a-dire juridique, il n’y a pas lieu de considérer la loi ou le projet de loi de rétrograde. Pour moi, cela relève de l’hypocrisie intellectuelle. On peut affirmer que certaines dispositions de ce projet de loi ne favoriseront pas l’exercice du journalisme tout simplement mais pas jusqu’à le traiter de rétrograde.

 

L’hypocrisie intellectuelle

Quand la loi N° 1/025 du 27 Novembre 2003 régissant la presse au Burundi prévoit des peines de prison allant jusqu’à cinq ans de privation de liberté et que le projet de loi modifiant celle-ci ne reconnait aucune peine de privation de liberté. Que dire? Du point de vue juridique, quelque soit le montant de l’amende, la privation de liberté (même si elle est d’un jour) reste la plus lourde sanction que les amendes. La dépénalisation des délits de presse était la « seule » grande revendication des professionnels des medias. Cet aspect  a été oublié et on préfère parler de rétrogression. Un minimum de sincérité à notre égard. Personnellement, je suis contre cette dépénalisation (contraire au principe de l’égalité devant la loi) pour plusieurs raisons mais ce n’est pas la cause de mon indignation.

Les trois points de divergence

Le premier point lié à l’atteinte du principe de la protection des sources, nous est décrit d’une manière assez exagérée, à la manière journalistique du terme peut-être. L’article 10 du projet de loi modifiant celle de 2003 sur la presse dispose:  » le journaliste n’est pas tenu de révéler ses sources d’information sauf si ces dernières rentrent sous le coup des infractions en matière de sécurité de l’État, de l’ordre public, du secret de la défense et de l’intégrité physique et morale d’une ou plusieurs personnes« . Cette disposition prouve à suffisance combien certains médias et opposants à ce projet de loi nous donnent une version erronée ou incomplète de la disposition, en affirmant tout simplement que désormais avec le journaliste sera purement et simplement tenu à révéler ses sources. Certes la liberté d’expression est l’unité de mesure de la démocratie mais je ne connais pas une liberté qui soit absolue. Dans cet exercice juridique, je me suis permis une comparaison trop simpliste avec un pays dont la démocratie est un principe fondamental et incontournable, la France. Le législateur français a permis des atteintes à ce principe des protections des sources »… si un impératif prépondérant d’intérêt public le justifie et si les mesures envisagées sont strictement nécessaires et proportionnées au but légitime poursuivi…« (loi n° 2010-1 du 4 janvier 2010 relative à la protection du secret des sources des journalistes, modifiant la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse).

Le bémol avec ce projet et contrairement à la législation française, le journaliste est impliqué dans cette atteinte. Quant au législateur français « …cette obligation ne peut consister en une obligation pour le journaliste de révéler ses sources (al 3 de l’art. 2 de la loi citée précédemment). La protection des sources accordée aux journalistes ne peut-être absolue sinon on ferait d’eux des citoyens « hors normes ». Il est vrai que les notions telles que la sécurité de l’État, l’ordre public… restent vagues et imprécises et leurs les limites ne sont pas connues au risque de tomber même dans l’arbitraire.

Le deuxième point qui est en rapport avec les diplômes exigés pour exercer le journalisme. Sans tergiverser, elle relève de l’absurde. Mais pour moi rien n’est étonnant en ce qui concerne le Burundi. On dit que le législateur tient compte des coutumes ou s’inspire de celles-ci pour légiférer et c’est le cas. L’esprit de cette disposition traduit sans encombre la réalité du pays où la détention d’un diplôme prime toujours sur le talent ou l’expérience et cela s’observe dans presque tous les domaines. C’est ce que j’appelle le syndrome du diplôme au Burundi. Même dans les médias, ce syndrome y est. Heureusement que l’assemblée nationale échappe à ce syndrome alors que certains de membres qui le compose ne sont pas allés au bout de leurs études des humanités (pas de bac ou diplôme d’État). Le gouvernement rassure qu’une foi promulgué la loi ne sera pas rétroactive.

Le troisième point qui est celui de la lourdeur des amendes. Il n’y a pas lieu de faire une analyse recherchée pour comprendre que chacun tire de son coté le drap. La loi de 2003 sur la presse prévoit des amendes mais aussi des peines d’emprisonnement dont la peine la plus lourde va jusqu’à cinq ans de servitude pénale (Art. 50 de la loi n°1/25 du 27 novembre 2003 régissant la presse au Burundi). En droit, toute peine d’emprisonnement est plus lourde que l’amende quelque soit son montant.

Selon le site de l’assemblée nationale burundaise qui rapporte les propos de Madame Léocadie NIHAZI, ministre de l’information, la communication et des relations avec le parlement, le gouvernement a pris en compte de deux aspects pour la fixation de ces montants « exorbitants » des amendes. Il s’agit du pouvoir d’achat actuel et de la gravité du délit.

Elle a partiellement raison puisqu’il n’y a plus de peine de servitude pénale qui soit reprise par le projet de loi sur la presse modifiant celle de 2003. C’est tout à fait normal que les amendes subissent la conséquence. La norme est un outil pour maintenir l’ordre et elle n’est dissuasive que lorsqu’elle est efficace. Cette efficacité réside dans la sanction. On peut comprendre cette « lourdeur des amendes » tant que la nouvelle loi ne reprend plus les peines de servitude pénale. Pour ce qui est du pouvoir d’achat comme une des raisons je suis « ignorant ». Le pouvoir d’achat des burundais a-t-il augmenté de 2003 à 2013? Je suis « ignorant ».

Ce qui est très étonnant avec troisième point ce que cette majoration n’a pas été reprise pour toutes les autres amendes. Certaines amendes n’ont subi aucune modification avec la nouvelle loi. Elles sont restées les mêmes, telles que prévues par la loi de 2003 notamment l’art. 55 (loi de 2003) qui sanctionne les actes de dégradation des affiches (une amende de 20.000 à 50.000 fbu et d’une peine de servitude pénale d’un mois à six mois). Pourtant la même disposition se retrouve à l’art. 61 (projet de loi 2013) où l’amende reste la même et cela sans qu’aucune peine de servitude pénale ne soit prévue. Alors que le gouvernement, à travers son ministre de la communication, justifie cette majoration des amendes par le pouvoir d’achat actuel et de la gravité du délit. Ma conclusion est qu’on ne pas concevoir une majoration des amendes pour certains délits (surtout ceux sanctionnant les médias et les journalistes) et pas pour d’autres. Si le pouvoir d’achat et la gravité du délit passent les raisons, cette majoration devrait l’être pour toutes les autres amendes.


Bujumbura, ville sale

La ville de Bujumbura présente actuellement un paysage qui ne fait pas honneur à une ville moderne et surtout pas à une capitale.

Les images que nous offrent certains endroits de la capitale donnent au  cerveau un exercice auquel on saurait s’attendre. Du genre, comment on en est arrivé jusque là? Comment ceux-ci ont atteint ce niveau sans que personne ne s’en aperçoive? Il faut donc faire tourner sa tête. Chercher à trouver une réponse aux nombreuses questions qui peuvent être posées à la vue de ces montagnes d’immondices, pour un cerveau déjà soumis à un exercice de réflexion hors du commun (chercher à survivre). La ville de Bujumbura présente actuellement un paysage qui ne fait pas honneur à une ville moderne et surtout pas à une capitale. Trop sales, des tas d’immondices sur chaque coin d’une rue, d’une avenue ou encore d’une route et tout ceux-ci en plein centre ville. Et comme couronnement, la résurgence du choléra. Que vient faire une telle épidémie dans une ville?

Peu avant l’incendie du marché central de Bujumbura, le paysage des montagnes d’immondices ne s’observaient pas au centre ville. Mais avec les vendeuses des fruits qui ont fait leur retour en ville et pris d’assaut les rues et les avenues aux abords de l’ex marché central,  je ne peux que conclure en ces termes, la présence de ces vendeuses conjuguée au  laxisme des autorités municipales sont les causes de cet état des choses. Ces autorités se sont-elles posé au moins la question de savoir où iront les déchets, les sachets, les marchandises avariées ou tout simplement les fruits pourris de ces mamans? Comme on le sait, les fruits et légumes abimés ou pourris doivent avoir un lieu approprié pour éviter certaines maladies et mauvaises odeurs. Ce qui n’est pas le cas actuellement dans la ville de Bujumbura autour de l’ex marché central.

en plein central ville, un nouveau depotoir
photos du 26 avril 239 en plein central ville, un nouveau depotoir

Les poubelles du marché…

En ce moment, les autorités en charge de la gestion du marché central incendié ont décidé de le fermer en mettant une clôture, personne n’y a plus accès. La conséquence de cette décision est que les poubelles du marché central ne sont plus accessibles à ces commerçantes. Donc elles peuvent déposer n’importe où toutes ces choses dont elles veulent se débarrasser. Et voilà la cause de ce paysage digne d’une ville qui manque des personnes conscientes à la tête comme à la queue.

Nos quartiers sont pareils.

Et si on décrivait un peu la situation dans  nos quartiers… Qu’en est-il de nos avenues, de nos quartiers ou comme on affectionne les termes, nos ghettos, nos banlieues? C’est pire tout simplement! Dans mon terroir par exemple, il y a

maintenant plus de trois mois que l’entreprise qui est propriétaire du « dossier déchets de ménages », pour dire comme Awilo LOGOMBA, ne passe  plus les récupérer. En faillite? On ne sait pas! Mais ça commence déjà à produire des odeurs qui ne sont vraiment pas exotiques. Dans ce cas aussi les rues, avenues, ou croisements  peu fréquentés deviennent des poubelles à ciel ouvert. Il suffit de prendre les petites ruelles pour s’en rendre compte. Et quand on parle de choléra en cette période des oranges et mandarines, encore que dans ce pays on ne se salue qu’en se serrant les mains, il y a de quoi craindre une sortie juste pour éviter, les longues accolades et les dizaines de mains à serrer. Depuis je suis scotché à la maison. Mais pour les fruits je dois en profiter car on les a qu’une sur l’an!