Lampedusa, l’hécatombe : quelques témoignages
« On n’a plus de place, ni pour les vivants ni pour les morts » a déclaré, effondrée, la maire de Lampedusa, Giusi Nicolini. « C’est une horreur, une horreur; ils n’arrêtent pas d’apporter des corps ». C’est une pluie de témoignages, révélateurs de l’ampleur du drame qui s’est abattu sur place.
Le premier ministre somalien, Abdi Farah Shirdon a présenté ses condoléances aux familles des victimes du drame de Lampedusa, en ces termes : « Je tiens à exprimer mes sincères condoléances à ceux qui ont perdu des êtres chers et des amis dans ce tragique accident. Je tiens également à remercier et à féliciter les mesures prises par les garde-côtes italiens, il ne fait aucun doute que leur réaction rapide a permis d’éviter de nouvelles pertes de vies ». Tout en reconnaissant implicitement la part des gouvernants dans cette catastrophe. « En tant que gouvernement, nous devons continuer à bâtir sur les réalisations déjà faites pour rendre la Somalie un endroit sûr, endroit stable et attrayant pour vivre, de sorte que ces jeunes qui fuient leur pays vont rester et participer à la reconstruction de leur pays ».
Ce message intervient après le naufrage d’un bateau, avec à son bord plus de 500 immigrants, en majorité des Somaliens et Érythréens. Le bateau était parti des côtes libyennes pour rejoindre l’Italie. L’accident s’est produit à 550 mètres de la côte.
« Il y a encore plein de cadavres. On ne peut pas dire combien; ils sont tous serrés les uns contre les autres, on ne voit que les premiers », a expliqué à la chaîne SkyTG24 l’un des sauveteurs, Giovanni de Gaetano, visiblement sous le choc.
« C’était tragique de voir les corps des enfants » a déclaré Pietro Bartolo, un responsable sanitaire de l’île. Selon lui, Lampedusa « n’a pas assez de cercueils » et a dû en faire acheminer par avion.
Un pêcheur, Rafaele Colapinto, a expliqué être venu en aide à des migrants : « On a vu un océan de têtes, on a mis une demi-heure pour embarquer chacun d’entre eux, car ils glissaient à cause du gazole ».
Rome a décrété vendredi « deuil national » et une minute de silence sera observée dans toutes les écoles ainsi qu’avant tous les matchs de football du championnat.
Le bateau de pêche a commencé à prendre l’eau et « de peur qu’il ne coule, les migrants ont enflammé une couverture pour attirer l’attention, mais cela a provoqué un incendie, puis le navire a chaviré », selon M. Alfano ; vice-premier ministre italien.
Une jeune Érythréenne encore en vie a été retrouvée parmi les cadavres déposés dans un hangar, après qu’un sauveteur a remarqué qu’elle respirait encore. Placée en réanimation à l’hôpital de Palerme, en Sicile, elle se trouve dans un état grave, déshydratée, en hypothermie, atteinte d’une pneumonie après avoir ingéré, comme les autres victimes, du gazole échappé du bateau.
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