La radio au pays d’Hassan RUVAKUKI

17 février 2013

La radio au pays d’Hassan RUVAKUKI

La radio au pays d’Hassan RUVAKUKI

La place qu’occupe la radio dans la société burundaise est capitale. Elle est accessible à tous en gratuite. Elle ne coute que les piles à se procurer ou encore aujourd’hui le temps de recharger sa batterie de téléphone.

La radio ne demande pas à être un homme instruit pour comprendre son fonctionnement (pour une population à très majoritairement analphabète). Le poste de radio est mobile, on l’emporte où l’on veut dans les champs comme dans les bistrots mais aussi c’est un bon compagnon. C’est une amie

image de afriqinter.com
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fidèle qui sait tout. Elle nous apprend, elle nous informe, elle nous éduque et elle nous rend gaie. On a l’impression même qu’aujourd’hui la radio fait partie des besoins élémentaire de l’homme. L’accès gratuit à l’information se concrétise surtout et avant tout par la « démocratisation » de la radio. Elle est présente à tout bout de champs, dans nos bus, nos taxis et même aujourd’hui pour ce qui relève du domaine de l’insolite, les motos et vélos sont équipés des postes radio à Bujumbura.

La radio, ce truc là dont on pensait il n’y a pas encore longtemps qu’il y avait des petits bons hommes dedans. Ce temps révolu après bien sur, avoir balancé plusieurs postes sur le macadam du vieux oncle belge pour pouvoir apercevoir taille que pouvait avoir ces bons hommes. On cherchait à comprendre encore le mode de fonctionnement de cette société de  ces petits-bons-hommes-radio qui n’arrêtaient de parler que quand on appuyait sur un bouton ou encore quand les cailloux sont déchargés (en kirundi et lingala les batteries sont dites cailloux « amabuye »et « mabanga »). Il y a longtemps on cherchait à savoir comment les blancs pouvait condamnés des hommes dans ce petit monde là.

Maintenant on sait que Claudi est à Paris et grâce au système satellitaire qui peut propulser sa voix à des milliers de kilomètres de son studio, on l’entend. On sait aussi que ces personnes qu’on écoute sont des humains, ils ont une vie, ils tombent malades, ils ont des sentiments et surtout ils ne sont pas coincés dans ce petit truc là. On peut ainsi les toucher, les voir les apprécier. Ils ont des qualités comme des défauts, ils s’appellent journalistes, animateurs, chroniqueurs. Ils y en a aussi ceux-là dont on n’entend pas de voix mais qui sont toujours remerciés à la fin d’un journal parlé, d’une tranche, d’animation, d’une émission. Ils sont appelés, metteurs d’ondes, arrangeurs, techniciens et tout simplement les hommes à la manette ou encore à la console.

Hommage à Hassan

La radio aujourd’hui ne fait pas que les heureux. Il y en a qui auraient certainement préférés voir des hommes enfermés dans un poste. Et cela quelque soit le poste, radio ou prison. Ils n’auraient pas eu du mal à les faire taire s’ils étaient enfermés dans un poste de radio. Heureusement que ce n’est pas le cas. Ils auraient juste appuyé le bouton. Mais ils ont toujours une solution alternative à chaque fois ils peuvent taire des voix. Ils peuvent taire certaines voix à  jamais. Ils peuvent aussi intimider certaines voix ou taire momentanément une voix de radio qui dérange. Voilà pourquoi il n’est toujours aisé d’être à la place de celui qui informe. Hassan  privé de ses écouteurs, de son microphone, de sa famille, enfile aujourd’hui et cela depuis plusieurs mois la tenue verte de la honte (les prisonniers burundais se parent de tissus verts) aux cotés des violeurs, des assassins, des voleurs, des  escrocs. Ils ne voulaient plus entendre cette voix qui, à leurs yeux, dérangeait et qui  les poursuivait partout dans leurs mouvements. Ils ont réduit cette voix de radio en une voix de « perroquet » qui devra clamer son innocence à longueurs des procès.

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