Au rythme du pays

Article : Au rythme du pays
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3 mars 2015

Au rythme du pays

La dérision est aussi un autre mode de survie. Dans notre quotidien, l’évocation des problèmes d’un pays avec sourire aux lèvres n’est devenue que chose banale .

Tout comme la mort qui est venue se greffer aux côtés de nos nombreux problèmes depuis des lustres, la dérision nous habite. Tant qu’y a la vie, nous continuerons à se moquer d’elle. Ce qui ne tue pas nous rend fort, dit-on. Mais la dérision, elle, nous rend invincibles. Vous avez surement constaté que l’Africain malgré les mauvaises passes, manie toujours bien l’art du rire et de la parole ironique. Quand bien même rien ne va, il affirmera que « tout va bien ». Pour le constater, il suffit de vous rendre dans un hôpital par exemple, voir un patient sous perfusion, souffrant de la malaria parce que son quartier est une fabrique à moustique et que le chef de son quartier a vendu les moustiquaires qui étaient destinées à ses administrés, vous dire à la fin « tout va bien. »

Est encore plus symbolique, son optimiste : « tout finira par s’arranger. » Que le ciel soit nuageux, grisaillé, son optimisme n’a pas d’égal à première vue. C’est de l’ironie à l’état pur et à la sauce pimentée par un discours politique toujours rassurant qui a fini par avoir des effets sur nous, la population. Intériorisé involontairement, ce discours passe en boucle et est devenu presque une salutation et cela à nos dépens.

Les mots changent de sens

Les mots usités des citoyens au quotidien n’ont pas toujours le même sens quand ils sont employés par les politiques. En République Démocratique du Congo par exemple, le mot « politique » usité par un citoyen ordinaire peut être synonyme de mensonge ou de promesse non tenue.

La conception de la politique a changé chez certaines personnes au point de devenir l’art du mensonge. Il se peut que vous vous perdiez dans une conversation congolaise et pourquoi pas burundaise, tant qu’on y est, parce que quelqu’un aurait dit « la politique est l’art du mensonge. » La politique a perdu sa définition de noblesse « l’art de gouverner ». Si la gouvernance et le mensonge font bon ménage, alors pourquoi les dissocier ? Elles ont les mêmes effets après tout.

Aujourd’hui, je constate un fait. Dans cette jeunesse qui se cherche une place au soleil malgré les promesses non tenues des politiques, la résignation semble prendre le dessus. J’ai entendu trois personnes différentes prononcer cette phrase : « je vais bien au rythme du pays.» Et cela, après avoir demandé comment elles allaient. Aller bien au rythme du pays, signifie tout simplement que ça ne va pas.

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