Révision constitutionnelle : en route vers une démocratie à l’africaine (acte1)

Article : Révision constitutionnelle : en route vers une démocratie à l’africaine (acte1)
Crédit:
2 décembre 2013

Révision constitutionnelle : en route vers une démocratie à l’africaine (acte1)

 

Les pays africains ne se ressemblent pas et il n’y a rien de nouveau sous notre soleil… depuis les indépendances. Des présidents fondateurs aux présidents héritiers, l’Afrique reste égale à elle-même. Et le Burundi veut jouer dans la cour des grands.Constitution-p

« …Devant le peuple burundais, seul détenteur de la souveraineté nationale, moi, (énoncer le nom), président de la République du Burundi, je jure fidélité à la Charte de l’unité nationale, à la Constitution de la République du Burundi et à la loi et m’engage à consacrer toutes mes forces à la défense des intérêts supérieurs de la nation, à assurer l’unité nationale et la cohésion du peuple burundais, la paix et la justice sociales. Je m’engage à combattre toute idéologie et pratique de génocide et d’exclusion, à promouvoir et à défendre les droits et libertés individuels et collectifs de la personne et du citoyen, et à sauvegarder l’intégrité et l’indépendance de la République du Burundi. » art. 106 de la LOI N°1/010 DU 18 MARS 2005 PORTANT PROMULGATION DE LA CONSTITUTION DE LA RÉPUBLIQUE DU BURUNDI.

Faudrait-il goûter aux délices du pouvoir pour ne plus se souvenir de son serment et même de son combat ? Nous sommes habitués à l’hypocrisie politique qui veut que les textes soient faits pour tous, mais en réalité ils ne sont faits que pour nous petit peuple sans voie de recours, non pas pour en jouir, mais le contraire, pour subir ses effets. Rien ne peut empêcher un dirigeant africain à poursuivre son ultime objectif : l’éternité de son pouvoir.

Vers d’autres mandats ?

S’il est encore vrai que l’exception côtoie le général pour confirmer la règle, moi je préfère être dans l’exception. Dans cette dernière catégorie, très fermée, au moins on vous prend en exemple. On vous invente toutes sortes de qualificatifs pour vous rapprocher de l’idéal. Malheureusement nous tombons du mauvais côté de la règle, le général. Et pourtant notre système de cohabitation peut toujours faire des jaloux de l’autre côté de la Kanyaru. Quelle nation n’a-t-elle pas loué les montagnes des questions rasées à Arusha afin de venir à bout de cette rivalité des nez ?

Il arrive parfois que je me plaigne de l’absence du Burundi sur les médias internationaux, mais maintenant deux jours c’est trop sans que la RFI ne parle du Burundi, la BBC est devenue un média local. Il n’y a pas longtemps que les médias internationaux parlaient moins de nous parce qu’on était à la marge de la mode pendant que certains s’isolaient pour arrêter des stratégies afin d’exister et surtout d’être à la Une. On avait perdu le goût des chiffres, on n’offrait ni du sensationnel, ni des morts, ni des cannibales, il n’y avait pas de villages incendiés, des femmes violées et surtout aucune autorité étatique poursuivie par CPI (Cour pénale internationale). Il n’y avait pas coup d’État où un opportuniste capitaine se dresse en chef devant ses généraux et toutes les institutions en étant à la fois celui qui fait la loi et la loi, celui qui décide de la vie ou de la mort d’un citoyen. Mais depuis un certain temps, on commence à jouer sur le même terrain qu’eux. Je ne veux pas que mon président fasse demain la chronique de Mamane. Je ne veux pas ressembler au Cameroun, je ne veux pas être la Libye, je ne veux pas être le Congo, la Gambie. Je ne veux pas non plus être le Rwanda. Non je veux ressembler au Sénégal, au Ghana, à la Namibie…oui pour la révision constitutionnelle, mais en faveur de qui ?

Partagez

Commentaires

Blaise NDUWIMANA
Répondre

Très bel article Alain. La guerre et l'exclusion qu'ont souffert les Burundais pendant près de 15ans leur font peut-être oublier qu'un président éternel est la chose la plus stupide qui puisse être imaginée en politique puisqu'après tout le Burundi qui a près de 10 millions d'habitants a en même temps au moins 2millions de présidents potentiels, ce qui veut dire que ce ne sont pas les personnes qui manquent. Aussi, si nous autres africains nous mettions notre raison avant nos sentiments, nous remarquerions que la limitation des mandats est un principe né de la révolution, qu'il est destiné à éviter des présidents qui, à force de se voir au pouvoir, en arrivent à croire qu'ils sont des représentants de Dieu sur terre et que leurs enfants sont par conséquent les héritiers de leurs places. Ce n'est donc pas un truc de blancs comme les démagogues africains veulent le faire croire à nos paysan trop crédules. C'est un principe nécessaire qui nous évite bien des malheurs puisqu' après tout des présidents gentils, il n'y en a pas qu'un.
En tout cas, Alain, très belle analyse.

Alain Amrah Horutanga
Répondre

En attendant l'acte 2... où je me mets à la place du législateur, je peux dire à l'instant que les initiateurs de ce projet n'ont rien appris du printemps arabe.

orny
Répondre

Oui pour la revision constitutionnelle mais en faveur du peuple,pour l'interet general:beaucoup de nos dirigeants ont oubliE cette notion!Et apres quoi ils se disent admirateurs de Mandela...Quelle ironie!

Alain Amrah Horutanga
Répondre

C'est leur marque, l'ironie!

Blaise NDUWIMANA
Répondre

Ils se foutent complètement de l'intérêt du peuple. Ils ne se prévalent de lui que quand il s'agit d'exploiter sa crédulité.