Là où le Père Noël ne passera pas
Dans ce petit coin du monde, le Père Noël ne foulera pas le sol. Aurait-il peur que ses rennes finissent grillés par le feu qui couvre la ville. Aurait-il aussi peur qu’on ne lui ôte la vie dans cette région où tuer est un acte du quotidien ?
Ce n’est pas le bout du monde et pourtant le Père Noël, tout comme la joie et la gaieté, semble être parti pour l’éternité. Les rues de la désolation sur lesquelles les enfants assistent tristement à des cérémonies funèbres incessantes portent les fruits du malheur. L’enterrement d’un père, d’un frère, d’une sœur ou d’une mère, le viol d’un nourrisson ou d’une vieille dame font partie de la vie de la ville. Tout est en ruine. Les bombes passent par là. Les fils du diable y résident-ils ?
Les familles décimées qui attendent madame Justice agonisante souffrant de la corruption et du cancer du favoritisme, n’ont plus qu’un espoir : la réanimer par les prières. Et Dieu entend-il leurs prières ? Le météorologue de la place avait annoncé des nuages chargés de sang. Et que les vents violents accentués par les cris de détresse empêcheraient, avec la complicité de la couche d’ozone, les prières de monter droit vers les cieux.
Orphelins dès leur naissance,même le sourire ne semble plus faire escale sur leur visage, laissant place permanente à l’amertume et aux torrents de larmes qui coulent sur leurs joues. « La vie n’est qu’une mort occupée à faire le ménage ailleurs, il reviendra vers nous », disait l’intellectuel de la ville abattu par une hache un soir de réveillon. Il était d’ailleurs écrit sur son cœur ouvert : « Voici celui qui aurait pu vous sauver. »
En écrivant ces mots, je pense aux petits chrétiens syriens et irakiens persécutés aujourd’hui. Je pense à ces enfants de Beni en RDC qui vivent la peur au ventre. Je pense à ces enfants du Nigeria otages des inconscients. Je pense également à ces petits Pakistanais tués récemment. Ma pensée va aussi aux petits Palestiniens qui naissent et grandissent dans un environnement de violence et de haine. Je pense à tous les enfants du monde qui se retrouvent dans des camps de réfugiés, de déplacés ou dans les prisons. Ils ne liront pas ce billet, mais quand nous dévorerons la cuisse du poulet de Noël, pensons à eux. Ils ne sont pas responsables de ce qu’ils vivent.
Commentaires